Le paysage de l’intelligence artificielle vient de connaître un séisme. Avec le lancement de Llama 4, Meta envoie un signal fort à ses concurrents, notamment OpenAI. Mais derrière les annonces tonitruantes et les comparaisons audacieuses, que vaut réellement cette nouvelle famille de modèles ? Peut-elle vraiment tenir tête à l’hégémonie de ChatGPT ? Plongeon dans les entrailles de ce qui pourrait bien redéfinir les règles du jeu.
La nouvelle famille Llama 4
Le 5 avril 2025 restera peut-être comme une date charnière. Ce jour-là, Mark Zuckerberg dévoilait Llama 4 avec des termes qui ne laissaient place à aucun doute : « Nous ouvrons une nouvelle ère de l’IA multimodale ». Trois modèles composent cette lignée, chacun avec sa personnalité bien marquée.
Llama 4 Scout : l’éclaireur
Imaginez pouvoir analyser l’équivalent de 15 000 pages d’un coup. C’est la prouesse que permet Scout grâce à sa fenêtre de contexte démesurée – 10 millions de tokens là où GPT-4o plafonne à 128 000. Un vrai couteau suisse pour les professionnels devant traiter des masses documentaires importantes.
Avec ses 17 milliards de paramètres actifs, ce petit dernier de la famille surclasse pourtant des poids lourds comme Gemma 3 ou Mistral 3.1 sur de nombreux benchmarks. La preuve que la taille ne fait pas toujours tout.
Llama 4 Maverick : le soldat d’élite
Son nom ne ment pas. Maverick joue les trouble-fêtes en se hissant directement à la deuxième place du classement Chatbot Arena. Ce qui interpelle ? Il y parvient avec seulement la moitié des paramètres actifs de certains concurrents.
Son point fort ? Une compréhension visuelle qui donne des sueurs froides à GPT-4o. Quand il s’agit d’aligner des concepts abstraits avec des images, Maverick montre des réflexes étonnants. Reste à voir comment il se comporte dans la durée face aux vétérans du secteur.
Llama 4 Behemoth : le monstre en gestation
2 billions de paramètres. Le chiffre donne le vertige. Encore en développement, ce colosse promet de pulvériser tous les records. Zuckerberg n’y va pas par quatre chemins : « C’est simplement le modèle le plus performant au monde ».
Prématuré ? Peut-être. Mais quand on voit comment Scout et Maverick secouent déjà le cocotier, on se prend à imaginer ce que donnera ce titan une fois opérationnel.
Innovations techniques : la recette secrète
Comment Meta est-il parvenu à faire un tel bond en avant ? La réponse tient en trois innovations clés qui pourraient bien changer la donne.
Mixture of Experts : le cerveau modulaire
Exit l’approche monolithique. Llama 4 adopte une architecture modulaire où des experts spécialisés se répartissent le travail. Imaginez une équipe de chirurgiens où chacun intervient selon sa spécialité plutôt qu’un seul médecin tentant de tout faire.
Résultat ? Une efficacité computationnelle qui fait rêver. Et des coûts d’exploitation qui deviennent soudainement plus raisonnables.
Multimodalité native : le couteau suisse
Là où d’autres bricolent des intégrations a posteriori, Llama 4 naît multimodale. Texte, images, vidéos – tout est traité de concert dès le départ. Comme apprendre une langue en immersion totale plutôt qu’à travers un manuel scolaire.
Cette fusion précoce donne des résultats surprenants. Maverick excelle notamment dans les tâches combinant texte et visuels, là où certains concurrents montrent encore des faiblesses.
Llama 4 vs ChatGPT : le match du siècle
Alors, qui l'emporte dans cette bataille des géants ? La réponse n’est pas aussi simple qu’un vainqueur et un perdant.
Benchmarks : le jeu des comparaisons
Meta affirme que Maverick surpasse GPT-4o sur plusieurs métriques. Pourtant, certains experts tempèrent cet enthousiasme. « Les benchmarks ne racontent qu’une partie de l’histoire », souligne une analyste de Stanford. « L’expérience utilisateur réelle compte tout autant. »
Quelques chiffres tout de même :
– 85,5% au MMLU contre 87-88% pour GPT-4o
– 91,6% au DocVQA, un score impressionnant
– 61,2% au MATH, à égalité avec Claude 3.7 Sonnet
Des résultats honorables, mais qui montrent que la route est encore longue pour détrôner complètement le champion en titre.
L’atout open-source
C’est peut-être là que Llama 4 marque des points décisifs. Contrairement au modèle fermé d’OpenAI, la philosophie open-source de Meta ouvre des perspectives inédites.
Développeurs et entreprises peuvent :
– Adapter les modèles à leurs besoins spécifiques
– Réduire drastiquement leurs coûts d’exploitation
– Bénéficier d’une communauté active pour faire évoluer les outils
Une approche qui rappelle les débuts de Linux face aux systèmes propriétaires. L’histoire se répèterait-elle ?
Les ombres au tableau
Avant de crier victoire, il faut regarder les limites de Llama 4 en face. Car elles existent, et certaines pourraient bien ralentir son adoption.
Le raisonnement, point faible ?
Certains tests suggèrent que Llama 4 peine sur les tâches complexes nécessitant un raisonnement poussé. Comme un étudiant brillant mais parfois trop littéral dans son approche. Meta promet une solution… mais pour plus tard.
Des restrictions qui surprennent
Ironie du sort pour un modèle open-source : les Européens ne peuvent y toucher. Un paradoxe qui fait grincer des dents dans la communauté. Sans parler des entreprises dépassant 700 millions d’utilisateurs, contraintes de négocier une licence spéciale. De quoi tempérer l’enthousiasme des plus gros acteurs du secteur. Si vous souhaitez en savoir plus il y a eu un test de Meta Llama 4 chez Korben sur son blog ici.
Mort annoncée ou saine émulation ?
Alors, ChatGPT-killer ou simple prétendant au trône ? La vérité se situe probablement entre les deux.
Llama 4 apporte du sang neuf avec ses innovations techniques et son approche ouverte. Ses performances, bien qu’encore légèrement en retrait sur certains aspects, montrent une progression remarquable. Et avec Behemoth dans les starting-blocks, la donne pourrait encore changer.
Mais OpenAI n’a pas dit son dernier mot. GPT-4.5 conserve des atouts majeurs, notamment une maturité et une intégration que Meta ne peut encore égaler.
Peut-être faut-il voir Llama 4 non comme un tueur, mais comme un catalyseur. Celui qui force tout le monde à se dépasser. Au final, qui en profite ? Nous tous, utilisateurs, qui verrons naître des IA toujours plus performantes et accessibles.
Comme le disait un développeur lors du lancement : « La vraie victoire, ce n’est pas quand un modèle en bat un autre. C’est quand toute l’industrie avance d’un cran. » A ce petit jeu, Llama 4 a déjà gagné.

